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  • Posté le 6 septembre 2022 / 13 visites

[Podcast Ép. 81] Billet 🔊 – Profits formidables, salaires forts minables

Temps de lecture : 4 minutes

La montée en puissance de la question des superprofits dans un contexte d’hyperinflation n’a rien d’étonnant. Pendant que les prix flambent et mettent à mal le budget des familles, ces profits extrêmes accroissent les fortunes des milliardaires et des fonds financiers. Ainsi, 70 milliards ont été versés aux actionnaires des entreprises du CAC 40 en 2021. Quand on annonçait un taux d’inflation de 6,1 % en juillet, le CAC 40 proclamait 9 % de hausse !

Dans le même mois de juillet, le gouvernement refusait de parler salaire, préférant distraire l’opinion avec une session parlementaire sur le seul pouvoir d’achat.

Du côté patronal, les augmentations obtenues dans la dernière période atteignent en moyenne la moitié du taux de l’inflation. Résultat : un effondrement du pouvoir d’achat, estimé en juin par la DARES à 2 % en moyenne et 2,7 % pour les salaires des cadres et professions intermédiaires

Cet été encore, sous couvert de « mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat », le gouvernement a fait adopter deux lois qui pour la CGT « non seulement ne répondent en rien aux besoins qu’expriment la majorité des salariés mais dénaturent notre système de protection sociale et le droit du travail ». Il fait financer les primes par des exonérations sociales et fiscales et remet une nouvelle fois en cause les 35 heures en permettant le rachat des RTT.

La faiblesse des salaires, des pensions et des minima sociaux, la non-reconnaissance des qualifications et des responsabilités, sont donc fort logiquement au centre des mobilisations de la dernière période. Mobilisations que la CGT propose d’amplifier avec un appel interprofessionnel le 29 septembre. Et dans un communiqué, le 31 août, la CGT indique qu’elle « travaille à un appel plus large de l’ensemble des organisations syndicales et au-delà parce que c’est une nécessité, c’est une urgence pour inverser le rapport de force en faveur du monde du travail et stopper ces politiques qui favorisent une minorité au détriment de la majorité ».

L’exaspération de l’opinion vis-à-vis de ces fortunes accumulées, des salaires pharaoniques des grands patrons, des résultats mirifiques des grands groupes, de leurs capacités à rebondir après les crises, n’est pas tout à fait nouvelle. La question du partage de la valeur ajoutée se pose depuis des décennies quand on annonce les profits démentiels réalisés par les entreprises du CAC 40, quand ces grands groupes se refont la cerise un an après la crise de 2008 grâce aux milliards injectés pour sauver le système bancaire ou les constructeurs automobiles. La question se pose aussi chaque fois que vient dans l’actualité la rémunération des grands patrons en général suivie des promesses de moralisation du patronat.

Les profits -qu’ils soient ou non qualifiés de superprofits- sont au centre du débat depuis des décennies alors même que le curseur s’est déplacé au bénéfice du capital et au détriment du travail. Au point de faire de l’Hexagone un pays à bas salaires, au point d’exonérer de plus en plus les entreprises du financement du bien commun et de la protection sociale. L’enjeu du partage de la valeur ajoutée, ne touche pas qu’au sujet du pouvoir d’achat, il s’agit aussi de faire contribuer ces grands groupes au financement de la transition environnementale. L’urgence est autant sociale que climatique et on sait ce qu’il en coûte de vouloir les dissocier.

Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT